Les esprits libres.

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Il paraitraît, selon un quidam anonyme et attentif croisé ce jour, que les esprits libres ronronnent un peu, en ce moment. Il est vrai que la facilité de publication de photos sur Facebook, l'économie intellectuelle de la fonction j'aime, le fait que des groupes et groupuscules permettent d'isoler, de cliver, de scinder à l'infini, font que ce support concurrent siphonne les participants de ce forum au gré des publications ici ou là.

Quelques remarques toutefois. Facebook dispose d'un algorithme qui isole le participant dans un nuage très conventionnel de thèmes pour lesquels il a un goût signalé, et la machine lui propose des variations nuancées mais sans aucun contraste. Pire, cette sélection automatique empêche la diversité d'opinions ou de points de vue de s'étendre et de s'approfondir ; les dialogues s'étiolent en convenances pointillistes sans relief, ou bien, à l'inverse, godwin point au prochain virage, puis blocage ou censure.

Facebook perd les publications dans le désordre chronologique et algorithmique et il est vain de tenter de suivre une publication au bout de quelques heures, ne parlons pas de jours. Une amie en a fait l'expérience il y a peu.

Facebook a érigé la censure en système. Moi-même, j'ai été censuré deux fois en 10 jours, sans avoir publié de culs, de nichons ni de poils. 
La première fois, j'avais mis l'image d'un tableau représentant une femme enceinte torse nu et seins cachés, devant le château de Lourdes. Facebook a masqué cette image à tout le groupe en indiquant "auto-signalé par Facebook". Je n'avais reçu aucune information sur ce "problème" et c'est en dialoguant avec l'admin du groupe que je l'ai appris. D'ailleurs, elle a dé-censuré le tableau immédiatement, ce qui est tout à son honneur.

La deuxième fois est plus récente. J'ai publié trois images de corps humains décédés faisant l'objet d'une Inhumation Céleste. Cette pratique funéraire tibétaine consiste à découper les corps pour les offrir aux vautours et aux bêtes sauvages. Cette publication a eu lieu sur le groupe "j'aime visiter les cimetières", où l'on m'avait inscrit il y a quelques mois, et qui présente en général des tombes, des sculptures et des monuments funéraires dans de jolies compositions... Pour faire vite, disons que ce sont les membres du groupe qui ont signalé ma publication, et qui ont fini par obtenir gain de cause et suppression. J'ai calculé que les membres du groupe ayant obtenu cette censure représentaient 4,2 % des personnes ayant commenté contre la présence de cette publication, et 0,12 % du total des membres du groupe. Je ne discute pas de leurs arguments puisqu'ils avaient déjà été démontés dans les dialogues en commentaires. Je constate et je déplore qu'une toute petite minorité peut demander et obtenir, sans explication contraire de l'auteur en défense, la suppression de ceci ou cela pour des motifs absurdes.

Et je m'interroge sur l'état de la liberté d'expression, c'est à dire, sur l'état de la liberté, sur des supports numériques censés la respecter.

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