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Pas de véritable campagne électorale sans l'épisode nécessaire du scandale. Celui-ci peut porter sur des affaires publiques ou des rumeurs privées, le mieux étant un subtil mélange des deux, peut concerner le maire sortant ou son challenger, peut aboutir à une modification du vote dans un sens ou dans l'autre, peu importe ; le scandale est le passage obligé de tout candidat qui se respecte, une manière de montrer, selon sa position dans l'affaire, cible ou dénonciateur, son sens de la retenue, son endurance dans la tourmente, sa faculté à répliquer en milieu dégradé, sa capacité de résistance : le scandale permet à l'élu de faire la preuve de sa solidité aux électeurs-spectateurs. Il remplit donc une fonction sociale dans le choix futur, puisqu'on suppose que les mêmes qualités dont il fera montre lors de l'épisode du scandale serviront dans les négociations âpres pour l'obtention de tel avantage précieux pour la commune, ou l'attribution de telle subvention vitale pour son développement. Ces qualités d'endurance et de solidité dans la tourmente sont aussi bien valorisées par les électeurs, sinon mieux, que la capacité à gérer sagement, que l'art de faire des choix raisonnés, que la connaissance historique, géographique et économique de la ville, que la vision à long terme pour la cité. Mieux valorisées car la gestion de crise qu'implique le scandale répond à une action dans l'urgence : le chronomètre tourne, l'instant est fugace qui exige une réponse appropriée, l'espace média est contraint pour la parole dans le tumulte. Surtout, la crise exige de la mesure, de la pondération et presque du sang froid. Il faut dire, certes, mais il ne faut pas expliquer ; il faut répliquer, mais il ne faut pas répondre ; il faut suggérer, mais il ne faut pas étaler. Ici, le poids des substantifs est terrible. Le danger résiderait dans le risque de lâcher une réplique pire que le scandale lui-même. Certaines phrases en réponse ont condamné leurs auteurs à une mort sociale certaine. Souvenez-vous : « Je suis responsable mais pas coupable. ». « Je jure que je n'ai pas, et que je n'ai jamais eu, de compte en banque en Suisse. ». Quoique sauvage et anarchique dans son déroulé, un scandale respecte une forme de temporalité déterminée. Il est le fils de l’instant et de la durée, il répond à des échéances et à des dates, il s’appuie sur des semaines et des jours, parfois même, les heures et les minutes sont des alliées précieuses pour ses arabesques. Telle révélation devra être distillée avec modération, aux amis proches, à la presse de manière indirecte. Telle insinuation devra être niée, atténuée convenablement, mais avec un sourire entendu de connivence. Les électeurs devront être mis en présence de telle missive au préfet, au procureur, au président. Les amis proches devront savoir un peu plus que le peuple de façon à pouvoir eux aussi lâcher des chapelets de scoops. On délayera continûment les soubresauts de l’enquête, les pauses méditatives du juge d’instruction, les pannes de la photocopieuse du greffier, les vacances judiciaires ou les pressions subies par le bras armé de la justice de la part des coteries et des officines. Les élections approchent. Mais on se lèvera tôt les jours de perquisitions, les descentes des flics exotiques seront commentées et les cartons scellés emportés sous la pluie impressionneront les voyeurs. Les jours d’audience, les bancs aux culs froids des bigotes fardées seront assaillis par de nouveaux venus, les curieux, les inconnus et les badauds, les débiteurs décomplexés et les rivaux malheureux, les critiques tenaces et les mauvais perdants, les amantes éconduites et les vieilles rancunières. Le scandale s’inscrit donc dans un calendrier complexe, qui répond aussi au rythme des chars des rotatives, à la mitraille des vidéos en ligne, à la lame d’un tweet ou au scalpel d’un commentaire assassin sur un site obscur. Finalement, peu importent les sommes détournées. Mais qu’elles soient conséquentes et significatives, alors les contribuables en sainte colère voteront pour ou contre, oublieux du passé et du futur, emportés par la sidération d’un acquittement ou par l’émotion subjective d’un verdict de misère.
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